22. Card. Louis-Albert Vachon
Photographie originale: Kdel (Québec) ©AAQ

Card. Louis-Albert VACHON (1912-2006)
Évêque auxiliaire, 1977
22e évêque et 12e archevêque de Québec, , 1981-1990
Primat du Canada
Cardinal, 1985


NOTICE: Jean LeBlanc, Dictionnaire biographique des évêques catholiques du Canada : les diocèses catholiques canadiens des Églises latine et orientales et leurs évêques : repères chronologiques et biographiques 1658-2012Montréal, Wilson & Lafleur, 2e éd., 2012, pp. 1103-1105.
Avec l’aimable autorisation de la Maison d’édition, 17 mai 2019.


Né le 4 février 1912 à St-Frédéric-de-Beauce, d’un père sacristain, seul garçon d’une famille de six enfants, il fit ses études classiques au séminaire de Québec (B.A., 1934) et sa théologie au grand séminaire de la même ville. Ordonné prêtre le 11 juin 1938 par le cardinal Villeneuve, archevêque de Québec, il fut nommé professeur de philosophie à l’Université Laval (1941-1947), tout en préparant un doctorat en philosophie qu’il obtint de la même université en 1947. Il poursuivit alors ses études à Rome, où il obtint un doctorat en théologie de l’Angélique (Université pontificale St-Thomas d’Aquin) en 1949. Nommé à son retour professeur de théologie (1949-1955) à l’Université Laval, il devint supérieur du grand sémi­naire en 1954, vice-recteur de l’Université Laval en 1959, et recteur de 1960 à 1972, tout en assumant la charge de supérieur général du séminaire de Québec de 1960 à 1977. Il avait été créé prélat domestique en 1958, fut vicaire général du diocèse en 1960 (poste qu’il occupera jusqu’en 1981), et nommé protonotaire apostolique en octobre 1962.

Élu le 4 avril 1977 (et publié le 6) évêque titulaire de Mesarfelta et auxiliaire de Québec, il fut sacré le 14 mai par le cardinal Roy, archevêque de Québec, assisté de Mgr Fortier, archevêque de Sherbrooke, et de Mgr Audet, évêque titulaire de Thibaris et auxiliaire de Québec.

Promu au siège archiépiscopal de Québec le 20 mars 1981 (et publié le 4 avril), dont il devint le 22e évêque et le 12e archevêque, il prit possession de son siège le 30 avril. Il reçut le pape Jean-Paul II à Québec en septembre 1984. Créé cardinal (le 6e de Québec) par Jean-Paul II lors de l’audience générale du 24 avril 1985, au titre de S. Paolo della Croce a « Corviale », il reçut la barrette au consistoire du 25 mai et prit possession de son église titulaire le 2 juin. Démissionnaire le 17 mars 1990, il se retira à Québec puis à Beauport. Il ne put, pour raison d’âge, participer au conclave de 2005. Souffrant de la maladie de Parkinson, il mourut à Québec le 29 septembre 2006 ; ses funérailles furent célébrées en la cathédrale-basilique Notre-Dame de Québec le 5 octobre, et il fut inhumé dans la crypte des évêques.

Le pape Benoît XVI lui rendit ainsi hommage : « Homme de foi et de culture, il chercha tout au long de son ministère à fortifier la qualité de la vie chrétienne du peuple dont il avait la charge pastorale, et à faire grandir son esprit missionnaire. » Imposant par sa stature, sa prestance et son éloquence, élancé et même élégant avec des allures de grand seigneur, conciliant, optimiste, grand humaniste amateur de musique, il fut un brillant intellectuel d’aspect un peu austère. Simple et chaleureux quoiqu’avec une touche de noblesse ne dédaignant pas le faste, perfectionniste et volontariste, parfois impulsif, homme de vision mais réaliste et possédant un fort sens de l’adaptation, il croyait à l’évolution des institutions comme des hommes, Il fut d’abord un universitaire de carrière et un homme de gouvernance et, comme l’a écrit Jean Hamelin, « un produit achevé de l’appareil bureaucratique clérical ». Il remplit de nombreuses fonctions au sein d’associations nationales et internationales (Entraide universitaire mondiale du Canada, Association internationale des universités, Association des universités et collèges du Canada, Association canadienne d’éducation de langue française, Association canadienne d’éducation, AUPELF, etc.), et fut président de la Conférence des recteurs et des principaux du Québec de 1965 à 1968. Il sut, durant ses années de rectorat qui coïncidèrent avec une période particulièrement effervescente de la Révolution tranquille durant laquelle les revendications de toutes sortes ne manquaient pas, « lavaliser » en associant professeurs et étudiants à sa gestion l’Université. Il présida, comme l’a souligné Jacques Racine, « à une transforma­tion radicale » de l’Université Laval, lui donna de nouvelles assises institution­nelles et physiques, et ne refusa pas de la remettre en question et de lui assurer l’indépendance à l’égard du Séminaire. Il présida aux programmes de réformes pédagogiques et administratives, adaptant l’institution aux mutations du nouveau contexte social tout en sauvegardant son caractère privé et catholique, puis lui assurant une nouvelle charte qui la fit passer du statut d’université pontificale à celui d’université laïque (et il en fut le dernier recteur ecclésiastique). Tout en y définissant la place réservée au service de la société et refusant d’en faire une simple pourvoyeuse de main-d’œuvre, il modernisa son campus, développa la cité uni­versitaire, lui fit prendre le virage technologique, démocratisa l’enseignement, et favorisa le développement des disciplines scientifiques et de la recherche. Il en fit en résumé un établissement de réputation internationale.

Sa promotion au siège primatial, critiquée par certains milieux qui auraient préféré un évêque plus jeune, mieux préparé à affronter la contestation et plus conscient des problèmes pastoraux, fut interprétée comme une expression de la volonté du Saint-Siège de faire appel à l’expérience et de miser sur la continuité, et se révéla à la longue fort judicieuse. Il sut faire prendre à son Église un virage missionnaire et communautaire, et adopta des positions dites « progressistes », comme par exemple sur les relations de l’épiscopat avec la Curie et sur la place des femmes dans l’Église (intervention du 3 octobre 1983 au Synode sur la nécessité de structures efficaces de dialogue pour effectuer la réconciliation des hommes et des femmes dans l’Église) dans un contexte d’appropriation masculine. Il se montra, au plan pastoral, surtout désireux d’intensifier la qualité de la vie chrétienne, imposa en 1990 les cours de préparation au mariage pour les couples désireux de se marier à l’église, et encouragea le développement des mouvements chrétiens d’inspiration nouvelle, mais se vit forcé de révoquer le statut d’association pieuse de l’Armée de Marie en 1987. Il représenta l’épiscopat canadien au Synode de 1983 sur la réconciliation et la pénitence, et fut président de l’Assemblée des évêques du Québec de 1981 à 1985. Il fut nommé membre de la S.C. du Clergé (1986-1993). Il reçut de nombreuses distinctions honorifiques : Compagnon de l’Ordre du Canada en 1969, Officier de l’Ordre national du Québec et Chevalier Grand’Croix de l’Ordre équestre du St-Sépulcre de Jérusalem en 1985, Chevalier Grand’Croix de l’Ordre souverain et militaire de Malte en 1987, Officier de la Légion d’honneur en 1988, doctorats honoris causa (Montréal, Victoria et McGill, 1964 ; Guelph, 1966 ; Moncton, 1967 ; Strasbourg, Bishop’s et Queen’s, 1968 ; Notre Dame, 1971 ; Carleton, 1972 ; Laval, 1982). Il devint membre de la Société royale du Canada en 1974. Il avait une sœur religieuse chez les Servantes du Saint-Cœur-de-Marie. Il avait sacré six évêques, tous canadiens (NN.SS. M. Couture, Leclerc, Gaumond, Veillette, Morissette, Fecteau).

Devise : SUPEREMINEAT CARITAS
Armoiries : AEC (1983) ; HCC 501
Iconographie : AEC (1990)

Œuvres :

  • Espérance et présomption. Québec, 1958.
  • Vérité et liberté. Québec, 1962.
  • Unité de l’Université. Québec, 1962.
  • Apostolat de l’universitaire catholique. Québec, 1963.
  • Mémorial. Québec, 1963.
  • Communauté universitaire. Québec, 1963.
  • Progrès de l’université et consentement populaire. Québec, 1964.
  • Responsabilité collective des universitaires. Québec, 1964.
  • Les humanités aujourd’hui. Québec, 1966.
  • Excellence et loyauté des universitaires. Québec, 1969.
  • On trouvera aussi dans Mélanges…, op. cit. infra, une liste de ses articles.

Bibliographie :

  • Laberge, P.-A. L’Université Laval 1952-1977 : vers l’autonomie. Québec, 1978, passim.
  • Hommage au cardinal Louis-Albert Vachon. Québec, 1985.
  • Mélanges offerts au cardinal Louis-Albert Vachon. Québec, 1989.
  • Hamelin, J. Histoire de l’Université Laval ; les péripéties d’une idée. Québec, 1995, ad indicem.

AUTRES NOTICES


PORTRAITS DES ÉVÊQUES ET ARCHEVÊQUES

Photographies des portraits des évêques et archevêques du grand salon de l’Archevêché de Québec sur les originaux conservés au Musée de la civilisation (Collection Archevêché de Québec). Huile sur toile sauf  :

  • Card. VACHON : photographie originale par Kdel (Québec).
  • Card. OUELLET : photographie originale par Studio Guy Raymond (Québec)