03. Mgr Louis-François Duplessis de Mornay
Dachowski Photography ©AAQ

Mgr Duplessis de Mornay, O.F.M. Cap. (1663-1741)
Coadjuteur, 1713
3e évêque de Québec, 1727-1733


NOTICE: Jean LeBlanc, Dictionnaire biographique des évêques catholiques du Canada : les diocèses catholiques canadiens des Églises latine et orientales et leurs évêques : repères chronologiques et biographiques 1658-2012, Montréal, Wilson & Lafleur, 2e éd., 2012, pp. 472-474.
Avec l’aimable autorisation de la Maison d’édition, 17 mai 2019.


Né le 12 septembre 1663 au château familial situé près de Beauvais en Normandie, d’un père capitaine de cavalerie appartenant à la noblesse, dans une famille de dix enfants, il fit ses études chez les Jésuites de Vannes, et entra en 1683 chez les Capucins de Meudon. Ordonné prêtre vers 1687, il fut successivement secrétaire provincial, lecteur en théologie, définiteur provincial et gardien des couvents de Beauvais, Paris (Marais), Pontoise, Péronne, Amiens et Meudon. C’est dans cette dernière localité, où résidait l’héritier du trône, qu’il prononça en 1711 l’oraison funèbre du Grand Dauphin, et en 1712 celle de son fils le duc de Bourgogne, se faisant ainsi connaître de la Cour.

Élu le 4 mars 1713[1]évêque titulaire d’Eumenia et coadjuteur avec droit de succession de Québec, il fut sacré à Paris le 22 avril 1714 dans l’église des Capucins de la rue St-Honoré par le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg et grand aumônier de France, assisté de Mgr Phelypeaux d’Herbault, évêque de Riez[2], et de Mgr de Malezieu, évêque de Lavaur. Il ne vint jamais au Canada, mais s’occupa à titre de vicaire général des besoins pastoraux de la Louisiane, où il envoya des Capucins. Il fut aussi vicaire général de l’archidiocèse de Cambrai, après la mort de Fénelon, durant au moins une partie de la période durant laquelle les titu­laires de ce diocèse s’avérèrent des prélats non résidents (1716-1723). Il donna sa démission de la coadjutorerie en mars 1728, laquelle en réalité était nulle et non avenue, puisque la mort de Mgr de St-Vallier, survenue le 26 décembre 1727 et qu’il ignorait, l’avait fait 3e évêque de Québec, et qu’il ne pouvait démissionner d’une charge qu’il n’occupait plus. Apprenant la nouvelle, il prit possession de son siège le 2 septembre 1728 par procuration donnée le 31 mai à l’archidiacre de la cathédrale, le chanoine Chartier de Lotbinière, gouvernant le diocèse par le canal de son coadjuteur, Mgr Dosquet, et de ses vicaires généraux, jusqu’à sa démission le 12 septembre 1733 sous pression du gouvernement excédé de son refus de visiter son diocèse. Il se retira au couvent des Capucins de Paris, où il fit du ministère dans les hôpitaux, et mourut à la suite de ses blessures, quelques jours après avoir été frappé par un carosse sur la rue St-Honoré, le 28 novembre 1741.

Ferme mais non batailleur, plutôt pacificateur de nature, il aurait sans doute réussi là où son prédécesseur et son successeur ont échoué. On a beaucoup argumenté sur les raisons qui l’ont poussé à ne jamais se rendre au Canada : peur de la traversée ou mauvaise santé (ce pour quoi il n’existe aucune preuve) ; manque de motivation d’un évêque de cour (ce qu’il n’était pas, n’ayant jamais résidé à Versailles). On l’a même accusé de désertion et parlé de scandale, puisqu’il reçut une substantielle pension viagère en échange de sa démission. Une explication voudrait que ses fonctions de vicaire général à Cambrai après la mort de Fénelon le 7 janvier 1715 le retinrent en France. Il semble cependant que le motif le plus plausible ait été son désir de ne pas heurter de front un évêque reconnu pour son mauvais caractère, en conflit avec son séminaire, son clergé, le gouverneur, l’intendant et l’administration toute entière, d’autant que Mgr de Saint-Vallier ne désirait plus de coadjuteur et voulut faire résider le candidat qui lui était imposé en Louisiane, partie lointaine de son immense diocèse. Il préféra donc attendre la démission de Mgr de Saint-Vallier, d’ailleurs aussi souhaitée par le roi, mais qui ne vint jamais. Il est cependant avéré qu’en 1728, après la mort de Mgr de Saint-Vallier, son état de santé l’empêcha vraiment de rejoindre son diocèse. C’est lui qui sacra en 1739 Mgr de Lauberivière, le successeur de Mgr Dosquet. Il avait quatre sœurs religieuses. On peut penser qu’il aurait mérité une notice dans le Dictionnaire biographique du Canada.

Devise : aucune
Armoiries : ARC 86 (ce sont essentiellement les mêmes que celles de sa famille ; voir : E.-Z. Massicotte, Armorial du Canada français, 1re série, Montréal, 1915, 25).
Iconographie : ARC 86
Mandements : il n’adressa aucun mandement durant son épiscopat ; les Mandements des évêques de Québec… (v. 1, 527, Québec, 1887) ne contiennent de lui qu’une Lettre au chapitre.

Bibliographie :   

  • Têtu, H. Les évêques de Québec ; notices biographiques. Québec, 1889, 156-169.
  • Berteaux, E. Étude historique en deux volumes sur…la ville de Cambrai… Cambrai, 1908, v. 1, 433.
  • Gosselin, A. L’Église du Canada… Québec, 1912, v. 2, 1-47.
  • Bois. L.-É. « Mgr Duplessis-Mornay », Bulletin des recherches historiques (1912) 246-256, 280-288, 311-319.
  • Dumas, G.-M. « Monseigneur Louis-François de Mornay, Capucin, troisième évêque de Québec », SCH (1963) 53-61.

[1] Voir Rapport de l’archiviste de la province de Québec (1921-1922) 80, et Archiviste (v.10/4, 1983) 9. HC donne le 26 février 1714, de même que DHG, qui avance le 22 juin 1713 comme date de nomination par le roi.

[2] Selon ARC, suivant en cela Gosselin, op. cit. infra, v. 2, p. 9 ; Mgr de Ratabon, évêque de Viviers, selon CFB (1989) 178, CHA et DHG/18, 279-280.


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