12. Mgr Bernard-Claude Panet
Dachowski Photography ©AAQ

Mgr PANET (1753-1833)
coadjuteur, 1806
archevêque, 1825-1833


NOTICE: Jean LeBlanc, Dictionnaire biographique des évêques catholiques du Canada : les diocèses catholiques canadiens des Églises latine et orientales et leurs évêques : repères chronologiques et biographiques 1658-2012Montréal, Wilson & Lafleur, 2e éd., 2012, pp. 907-909.
Avec l’aimable autorisation de la Maison d’édition, 17 mai 2019.


Né le 9 janvier 1753 dans la basse ville de Québec, fils d’un notaire et avocat père de 14 enfants, il fit ses études classiques et théologiques au séminaire de Québec, enseigna en classe de Rhétorique en 1777-1778, où il eut comme élève le futur Mgr Plessis, s’inspirant dans ses cours des travaux d’Urbain Boiret et de François Le Guerne. Il fut ordonné prêtre à Québec le 25 octobre 1778 par Mgr Briand, évêque de cette ville. Nommé professeur de philosophie au séminaire, il passa en 1780 à la cure de Batiscan avec desserte de Champlain et de Ste-Geneviève, et en 1781 à celle de la Rivière-Ouelle, où il rebâtit l’église, fonda un couvent confié aux Soeurs de la Congrégation ainsi qu’une école de garçons (établissements qu’il soutint de ses dîmes), encouragea le renouvellement des méthodes d’agriculture, et accueillit des prêtres déchus du ministère pour cause d’inconduite ; il continuera de les utiliser une fois évêque, invoquant le fait qu’il s’agissait « des oints du Seigneur, malgré leurs imperfections et même leurs vices ». Son évêque le loua pour son « exactitude à la prédication ».

Il fut élu le 12 août 1806 évêque titulaire de Saldae et coadjuteur de Québec (selon un décret de la Propagande du 21 juillet approuvé par le pape le 27), sur recommandation de Mgr Plessis. Ce dernier l’avait fait assermenter en janvier par le gouvernement bien avant la réception des bulles, s’en excusant auprès de Rome en invoquant la lenteur des communications et les mauvaises dispositions d’un « gouvernement hérétique ». L’abbé Panet fut sacré le 19 avril 1807 dans la cathédrale de Québec par Mgr Plessis, évêque de Québec, assisté de deux prêtres, Jean-Baptiste Lahaille, vicaire général, et Jacques Panet, curé de l’Islet. Les plans de Mgr Plessis pour le faire établir chez les Sulpiciens de Montréal n’ayant pu aboutir, il demeura curé de la Rivière-Ouelle (avec en plus un tiers de la dîme de St-Henri-de-Mascouche) jusqu’au décès de Mgr Plessis en 1825, et administra le diocèse, avec résidence à Québec, lors du voyage de Mgr Plessis en Europe en 1819-1820. Devenu évêque en titre le 4 décembre 1825 (le 12e évêque et le 2e archevêque de Québec), il prit possession de son siège le 12 décembre et se logea au séminaire. Sa santé déclinant, il remit l’administration du diocèse à son coadjuteur, Mgr Signay, le 13 octobre 1832, et se retira le 14 novembre à l’Hôtel-Dieu où il mourut le 14 février 1833. Il fut inhumé le 18 dans la cathédrale après les funérailles célébrées par Mgr Signay.

Bon administrateur, pratique, méthodique, de beaucoup de bon sens, d’une grande charité personnelle, pacificateur qui avait fait ses preuves en rétablissant la paix dans la paroisse de Rivière-Ouelle, il avait un sens aigu du compromis et de la modération (d’où ses réserves à l’endroit des méthodes de Mgr Lartigue). Il se montra fort craintif dans ses relations avec le gouvernement (dont il recevait d’ailleurs comme son précédesseur Mgr Plessis une pension annuelle) au point de ne rien oser entreprendre sans son consentement. On pourrait donc lui reprocher, comme l’a écrit le chanoine Groulx, de s’être trop comporté comme un homme d’Ancien Régime, et ne pas avoir suffisamment compris les aspirations de son temps et de son peuple à plus de liberté politique. Autre exemple de cette timidité : il s’opposa toujours au projet de fondation d’un journal ecclésiastique de l’abbé Thomas Maguire, pourtant soutenu par Mgr Lartigue, arguant d’une part que sa priorité était la construction du séminaire de Nicolet, et de l’autre que cette publication était de nature à semer la zizanie dans la société et au sein du clergé.

Il se préoccupa principalement de l’éducation : examen sérieux, serein et réaliste de la législation de 1801 sur les projets d’une double Institution royale, l’une catholique, l’autre protestante, et ouverture aux projets de réforme, sans toutefois se départir complètement de sa méfiance ; reconstruction du séminaire de Nicolet en 1827 (pour laquelle il engagea la presque totalité de ses biens et de ses revenus), fondation de celui de Ste-Anne-de-la-Pocatière (1828), création d’écoles élémentaires de fabrique dans la plupart des paroisses en se prévalant des aides fournies par la loi scolaire de 1829. Il publia aussi un Grand catéchisme en 1829, régla en 1831 la question de l’érection civile des paroisses (74 ne l’avaient pas encore l’année précédente), s’opposa à l’aliénation des biens des Sulpiciens, qui voulaient céder leur seigneurie contre une rente annuelle du gouvernement et la permission de recruter en France, fit des pressions pour leur défendre de s’agréger de nouveaux membres sans l’agrément de l’évêque et pour obtenir un droit de regard sur la nomination du curé de Notre-Dame. Il s’inquiéta également des efforts de l’évêque anglican pour se gagner des prosélytes parmi les catholiques. Il ne s’opposa pas à la création du diocèse de Charlottetown en 1829, mais ne pensait pas qu’elle était à l’avantage des Acadiens ; il promit quand même à l’évêque de lui envoyer des prêtres pour les servir. Il favorisa aussi l’érection d’un diocèse à Montréal, laquelle cependant n’aboutit qu’en 1836, et demanda à Rome qu’on continue de permettre à l’évêque de Québec de se choisir un coadjuteur. Fidèle à son rôle de pasteur, il visita 66 paroisses durant les quatre premières années de son épiscopat, dont la fin fut assombrie par l’épidémie de choléra qui emporta en 1832 plusieurs milliers de personnes. Il avait sacré un évêque (Mgr Signay) et ordonné 63 prêtres, ce qui était loin d’être suffisant, la proportion en 1830 étant de un prêtre pour 1,875 fidèles, alors que par ailleurs pas moins de 30 % du clergé était affecté à d’autres tâches que celles du ministère paroissial (il y avait 183 paroisses). Cette situation de pénurie explique que le choix des candidats ne présentait pas toujours de grandes garanties de discernement, comme par exemple dans le cas de l’abbé Étienne Chartier, dont les activités politiques autant que le caractère imprévisible causeront bien des maux de tête à ses successeurs. Il était le frère de Jean-Antoine Panet, qui fut député à la Chambre d’assemblée et conseiller législatif, de Jacques Panet, curé de l’Islet, et avait deux sœurs chez les Ursulines. Le cardinal Taschereau, dont la mère était une Panet, fut son arrière-neveu.

Devise : aucune
Armoiries : ARC 96
Iconographie : ARC 96
Mandements : Mandements, lettres pastorales et circulaires des évêques de Québec. v. 3, 209-312. Québec, 1888.

  • plusieurs de ces mandements et circulaires ont été publiés séparément : action de grâces publiques, 1815 ; mort du Roi, 1820 ; mort de Mgr Plessis, 1825 ; séminaire de Nicolet, 1826 ; Propagande, grand catéchisme, 1829 ; jubilé, mort du Roi, élection des marguilliers, caisse ecclésiastique, 1830 ; calendrier romain, congrégations religieuses, administration des fabriques, vaisseaux d’outremer, 1831 ; prières publiques, administration du diocèse, 1832

Œuvres :        

  • Le manuscrit de son cours de rhétorique Rhetoricae institutio data in semi­nario Quebecensi… anno 1778 est conservé aux archives du séminaire de Nicolet
  • Instructions en forme de catéchisme sur le jubilé… Québec, 1827.
  • Le grand catéchisme à l’usage du diocèse de Québec. Québec, 1829.

Bibliographie : on se reportera à la bibliographie compilée par N. Voisine, DBC/6, 631, à com­pléter par:

  • Précis de l’oraison funèbre de Monseigneur Bernard Claude Panet. S.l., 1833 ?
  • Péloquin, D. « L’enseignement de la rhétorique au Québec au XVIIIe siècle : présentation bibliographique et critique », Revue canadienne d’études rhétoriques (1998) 122-123.

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PORTRAITS DES ÉVÊQUES ET ARCHEVÊQUES

Photographies des portraits des évêques et archevêques du grand salon de l’Archevêché de Québec sur les originaux conservés au Musée de la civilisation (Collection Archevêché de Québec). Huile sur toile sauf  :

  • Card. VACHON : photographie originale par Kdel (Québec).
  • Card. OUELLET : photographie originale par Studio Guy Raymond (Québec)