Mgr TURGEON (1787-1867)
Coadjuteur, 1834; administrateur, 1849-1850
14e évêque et 4e archevêque, 1850-1867
NOTICE:Jean LeBlanc, Dictionnaire biographique des évêques catholiques du Canada : les diocèses catholiques canadiens des Églises latine et orientales et leurs évêques : repères chronologiques et biographiques 1658-2012, Montréal, Wilson & Lafleur, 2e éd., 2012, pp. 1095-1097.
Avec l’aimable autorisation de la Maison d’édition, 17 mai 2019.
Né le 12 novembre 1787 à Québec, fils d’un marchand, il fit ses études classiques (1799-1806) et théologiques au séminaire de Québec, et fut ordonné prêtre avec dispense d’âge le 29 avril 1810 par Mgr Plessis, évêque de Québec. Confirmé dans ses fonctions de secrétaire de l’évêque qu’il occupait depuis la fin de sa classe de Rhétorique (1807) alors qu’il avait pris la soutane, il les conserva jusqu’en 1819-1820, années où il accompagna Mgr Plessis à Rome. Agrégé au séminaire dès octobre 1811, il y fut professeur de philosophie (1812-1815), directeur du grand séminaire (1815-1818), membre du Conseil à partir de 1816, directeur du petit séminaire (1820-1824) et, comme l’enseignement était devenu trop lourd pour sa santé, procureur (1824-1833). Il fut nommé vicaire général en 1833. On rapporte qu’il avait refusé la coadjutorerie sous NN.SS. Plessis et Panet. Il est sûr que son nom figurait dès 1825 sur la terna agréée par Rome, en premier lieu sur celle soumise en 1827, et Mgr Signay avait déjà annoncé dans son mandement d’entrée du 25 février 1833 qu’il l’avait choisi comme coadjuteur sur recommandation du gouverneur Aylmer.
Nommé le 28 février 1834 coadjuteur c.f.s. de Québec (selon un décret de la Propagande du 27 janvier approuvé le 16 février par le pape) et élu évêque titulaire de Sidyma, il fut sacré le 11 juin par Mgr Signay, archevêque de Québec, assisté de Mgr Lartigue, évêque titulaire de Telmissus et auxiliaire de Québec pour le district de Montréal, et de Mgr Gaulin, évêque titulaire de Thabraca et coadjuteur de Kingston. Il administra le diocèse à partir du 10 novembre 1849, et devint le 4e archevêque et le 14e évêque de Québec le 3 octobre 1850, prenant possession de son siège le 8, et recevant le pallium le 11 juin 1851. Frappé de paralysie le 19 février 1855 alors qu’il assistait à des funérailles, il confia le 11 avril l’administration du diocèse à son coadjuteur, Mgr Baillargeon, évêque titulaire de Tlos, et ne fit plus que de rares apparitions publiques, demeurant immobilisé, et souvent privé de la parole, pour les sept dernières années de sa vie. Il mourut le 25 août 1867 et fut inhumé le 28 dans sa cathédrale.
De santé fragile, excellent administrateur, d’un esprit collégial rare pour l’époque, il s’avéra un coadjuteur particulièrement actif, tant dans le domaine de l’administration temporelle (construction du palais épiscopal, législation paroissiale, édifices religieux), que Mgr Signay lui abandonna en grande partie, que dans celui de la pastorale (surveillance des communautés religieuses, retraites paroissiales, mouvements de tempérance), de la politique (déclarations publiques contre les projets d’union des deux Canadas qu’il voyait comme susceptible de conduire éventuellement à l’annexion aux États-Unis), de l’éducation (écoles de fabrique), et des œuvres caritatives (épidémies de 1832, 1834, 1847, 1849, deux grands incendies de 1845 à Québec, fondation de la St-Vincent-de-Paul en 1846). Bien que sévère en matière morale (danse, règle du jeûne durant le Carême), il assouplit, se ralliant ainsi aux positions de Montréal, les règles gouvernant le prêt à intérêt. Il favorisa, pour soutenir toutes ces œuvres, l’accueil dans le diocèse des Frères des écoles chrétiennes (1842), des Oblats (1844), des Jésuites et des Sœurs de la Charité de Montréal (1849). Il appuya, comme la plupart des évêques de son époque, les sociétés de colonisation afin d’enrayer l’émigration vers les États-Unis et de peupler des territoires vierges comme le Saguenay, l’Outaouais, le lac St-Jean et les Cantons de l’Est, visita à trois reprises les missions du Golfe (1836, 1841, 1852), et déploya beaucoup d’énergie pour faire aboutir le projet de création d’une province ecclésiastique (1844). Il soutint, devenu archevêque en titre, la fondation de l’Université Laval, pour laquelle il obtint la reconnaissance civile, et présida les deux premiers conciles provinciaux de Québec (1851 et 1854), qui rassemblèrent les évêques francophones et anglophones, et ce, sans avertir le gouvernement. Il obtint le démembrement de son diocèse par l’érection des diocèses de Trois-Rivières et de St-Hyacinthe en 1852, favorisa une formation plus poussée du clergé (rétablissement des conférences ecclésiastiques, études en Europe), ainsi que la fondation de l’asile du Bon-Pasteur. Il avait ordonné 115 prêtres et sacré deux évêques, Mgr Cooke, de Trois-Rivières, et Mgr Dollard, de Saint John. Il était le demi-frère de Louis Turgeon, député de Herford puis conseiller législatif, cousin de Joseph-Ovide Turgeon, conseiller législatif de 1848 à 1856, et cousin du grand-père de l’Honorable Adélard Turgeon, plusieurs fois ministre dans le gouvernement québécois et président du Conseil législatif en 1909.
Devise : aucune
Armoiries : ARC 98 (des doutes ont été exprimés sur leur authenticité ; celles de CE (1911) 43 seraient plus fidèles)
Iconographie : ARC 98
Mandements : Mandements, lettres pastorales et circulaires des évêques de Québec. v. 4, 11-220. Québec, 1880. Plusieurs de ces textes ont été publiés séparément : incendies de Québec, 1845 ; mort de Mgr Signay, mandement d’entrée, visite des paroisses, retraite ecclésiastique, 1850 ; premier concile provincial, recensement, nomination d’un coadjuteur, 1851 ; Asile du Bon-Pasteur, érection du diocèse de Trois-Rivières, jubilé, promulgation des décrets du concile provincial, incendie de Montréal, retraite ecclésiastique, 1852 ; rituel romain, rétablissement des conférences ecclésiastiques, retraites du clergé, érection de l’Université Laval, publication du petit catéchisme, 1853 ; tempérance, jubilé, incendie de l’Hospice de la charité, succès des armées de l’Angleterre et de la France, tables tournantes, 2e concile provincial, 1854 ; conférences ecclésiastiques, 1866.
Bibliographie : on se référera à la bibliographie compilée par A. Gagné, DBC/9, 883. À noter :
- LeMoignan, M. « Visite des missions du Golfe », Revue d’histoire de la Gaspésie (1970) 100-105, 136-139, (1971) 233-234, 359-362.
AUTRES NOTICES EN LIGNE
- GAGNÉ, Armand, « TURGEON, Pierre-Flavien », DBC, vol. IX.
- Souvenir consacré à la mémoire vénérée de Mgr. P. F. Turgeon, archevêque de Québec et premier visiteur de l’Université-Laval, Québec, L. Brousseau, 1867.
PORTRAITS DES ÉVÊQUES ET ARCHEVÊQUES
Photographies des portraits des évêques et archevêques du grand salon de l’Archevêché de Québec sur les originaux conservés au Musée de la civilisation (Collection Archevêché de Québec). Huile sur toile sauf :
- Card. VACHON : photographie originale par Kdel (Québec).
- Card. OUELLET : photographie originale par Studio Guy Raymond (Québec)