Mgr Paul-Eugène ROY (1859-1926)
Évêque auxiliaire, 1908
archevêque titulaire de Séleucie, 1914;
coadjuteur, 1920;
18e évêque et 8e archevêque de Québec, 1925-1926
NOTICE: Jean LeBlanc, Dictionnaire biographique des évêques catholiques du Canada : les diocèses catholiques canadiens des Églises latine et orientales et leurs évêques : repères chronologiques et biographiques 1658-2012, Montréal, Wilson & Lafleur, 2e éd., 2012, pp. 1018-1020.
Avec l’aimable autorisation de la Maison d’édition, 17 mai 2019.
Né le 9 novembre 1859 en la paroisse Notre-Dame de Berthier-en-Bas dans le comté de Montmagny, fils d’un cultivateur père de 20 enfants, il fit ses études primaires dans sa paroisse natale, commença en 1872 ses études commerciales au collège de Lévis (où il ne demeura qu’un an) pour faire ses études classiques au séminaire de Québec, et commença ses études théologiques au séminaire de Québec (1881-1882), où il enseigna en même temps en classe de Rhétorique. Envoyé aux études en France, il résida à l’École des Carmes de Paris, et suivit les cours de l’Institut catholique de Paris et de la Sorbonne, obtenant une licence ès lettres en décembre 1884. De retour au séminaire de Québec en juin 1885, il termina sa théologie tout en professant en classe de Rhétorique, fut ordonné prêtre le 13 juin 1886 par le cardinal Taschereau, archevêque de Québec, et demeura professeur en classe de Rhétorique au séminaire jusqu’en 1890, y exerçant aussi la fonction de préfet des études à partir de 1888, faisant du ministère à Stadacona et enseignant la littérature à l’Université Laval. Il collabora durant ces années aux revues Le Canada-français et La Nouvelle-France. Renvoyé en 1890 pour un discours qualifié d’insubordination par les autorités du séminaire, il fut prêté au diocèse de Hartford au Connecticut comme curé-fondateur de la paroisse canadienne-française de Ste-Anne (où il bâtit une église et une école et enseigna aussi le français). Rappelé à Québec en mai 1899 pour recueillir des fonds pour l’Hôtel-Dieu du Sacré-Coeur de Québec, dont la situation financière était précaire, il fut nommé en 1901, lors de la scission de la paroisse St-Roch, curé fondateur de la paroisse Notre-Dame-de-Jacques-Cartier de Québec, tout en faisant fonction d’aumônier syndical et de prédicateur des campagnes de tempérance. Il devint en mars 1907 directeur-fondateur de l’Action sociale catholique (chargée de la coordination des mouvements catholiques) et de l’OEuvre de la presse catholique (société éditrice du quotidien L’Action sociale, lancé le 21 décembre 1907, qui devint L’Action catholique), poste qu’il conserva jusqu’en 1923.
Élu le 8 avril 1908 (et publié le 29) évêque titulaire d’Eleutheropolis in Palaestina et nommé le même jour auxiliaire de Québec, il fut sacré dans la basilique de Québec le 10 mai par Mgr Bégin, archevêque de Québec, assisté de Mgr Blais, évêque de Rimouski, et de Mgr Labrecque, évêque de Chicoutimi. Promu le 26 juin 1914 (et publié le 8 septembre) à l’archevêché titulaire de Seleucia Pieria, et promu le 1er juin 1920 à la coadjutorerie c.f.s. de Québec, il fut hospitalisé à l’hôpital St-François-d’Assise le 17 avril 1923, atteint du cancer de l’intestin, et ne le quitta plus. Il devint archevêque en titre (le 18e évêque et 8e archevêque de Québec) le 18 juillet 1925 mais, trop malade pour exercer ses fonctions, dut confier la direction du diocèse à un administrateur. Il reçut le pallium à l’hôpital le 10 janvier 1926, y mourut le 20 février, et fut inhumé dans sa cathédrale après les funérailles célébrées le 26 par le délégué apostolique, Mgr di Maria, archevêque titulaire d’Iconium.
De taille imposante, tenace, énergique, réservé, autoritaire, très éloquent et cultivé, nationaliste et intégraliste, il n’eut pas l’occasion de donner sa pleine mesure, mais est reconnu comme le fondateur de la presse catholique dans l’archidiocèse de Québec, et comme un pionnier du catholicisme social dans le cadre diocésain et paroissial par l’utilisation des moyens modernes d’organisation et de communication (associations pieuses et d’hygiène morale, cercles d’études, conférences, congrès, publications). Il se voulut surtout le défenseur de la cité (civile) catholique sous la bannière de la Vierge et du règne social du Sacré-Cœur, et le promoteur d’un militantisme susceptible de transformer la société par la création d’un réseau cohérent et coordonné de mouvements de divers types, tant religieux (ligues, fraternités, congrégations, confréries, unions) qu’économiques et sociaux, ce qui laissait peu de place à l’État. Sa vision était basée sur la multiplication des institutions confessionnelles tant en milieu urbain que rural, et ce dans tous les domaines, afin d’assurer une grande visibilité de l’Église sur la place publique, et sur l’enseignement et l’action. Enseignement par le biais de la presse catholique (journaux, essais religieux, manuels), action par le travail des associations au service de la solidarité catholique et donc de la paix sociale, tant dans les domaines religieux (fraternités comme le Tiers-Ordre et les Ligues du Sacré-Cœur), professionnels (syndicats urbains et ruraux) et économiques (coopératives, caisses populaires, mutuelles) que d’hygiène morale (sociétés de tempérance) et de bienfaisance (comme la St-Vincent de Paul). Adversaire du suffrage féminin défendu par des personnalités comme Marie Lacoste-Gérin-Lajoie, car croyant au rôle strictement familial de la femme, il encouragea le Comité de propagande contre le suffrage féminin et publia à ce sujet une lettre pastorale (février 1922) ; on rapporte que le Vatican le réprimanda d’avoir fait intervenir la religion dans cette question. C’est lui qui organisa le congrès de la tempérance tenu à Québec en 1910. Il présida aussi le Congrès de la Langue française tenu à Québec en 1912, et s’intéressa aux revendications des Acadiens, comme en témoigne le voyage qu’il fit en 1916 à Edmundston pour favoriser la nomination d’un francophone au siège de Chatham. Il avait quatre frères prêtres (Philéas, curé de Rivière-du-Loup, Camille, recteur de l’Université Laval, Arsène, O.P., et Alexandre, curé de St-Henri de Lauzon), et une sœur religieuse à l’Hôtel-Dieu de Québec.
Devise : ADVENIAT REGNUM TUUM
Armoiries : ARC 102
Iconographie : ARC 102
Mandements : Mandements, lettres pastorales et circulaires des évêques de Québec. v. 13, Québec, 1925.
Œuvres :
- Sermon prononcé dans l’église de Ste-Marie de la Beauce, le 19 décembre 1888. Québec, 1888.
- A. Olivier. Lévis, 1891.
- chapitres III, IV et V (sur le règne social du Sacré-Coeur), dans : Le drapeau national des Canadiens-français : un choix légitime et populaire. Québec, 1904.
- Le véritable féminisme : aux Canadiens qui veulent, avec la Sainte Église, travailler à la restauration de l’idéal catholique dans le Christ. Montréal, 1909 ?
- Discours religieux et patriotiques. Québec, 1926.
- À la suite du Maître : pensées spirituelles. Québec, 1926 ?
- Action sociale catholique et tempérance. Québec, 1927.
- Apôtres et apostolat. Québec, 1927.
- D’une âme à une autre : correspondance spirituelle et familière avec une âme consacrée à Dieu. Montréal, 1927.
- À travers l’Évangile : le Sermon sur la montagne : méditations et commentaires. Québec, 1928.
- D’une âme à Dieu : notes de vie spirituelle. Québec, 1928.
- La Sainte Vierge. Québec, 1928-1930.
Bibliographie :
- Perron, J.-T. Mgr Paul-Eugène Roy, 8e archevêque et 18e évêque de Québec ; notes biographiques et documentaires. Québec, 1926.
- Welton, M.A. Mgr Paul-Eugène Roy, archevêque de Québec (1859-1926) ; un orateur apôtre. Québec, 1941. On trouvera une bibliographie très détaillée aux pages 383-390.
- Marie-du-Perpétuel-Secours, sœur. Bibliographie de l’œuvre de Sa Grandeur Monseigneur Paul-Eugène Roy, 1859-1926. Diplôme, Université Laval, 1964.
- Bertrand, R. « 50e anniversaire du décès de Mgr P.-E. Roy », Actualités (1976) 42.
- Trifiro, L. « Une intervention à Rome dans la lutte contre le suffrage féminin au Québec (1922) », RHA (1978) 3-18.
- Routhier, G. « Polémiste et croisé : Paul-Eugène Roy (1859-1926) » dans : Les visages de la foi ; figures marquantes du catholicisme québécois. Sous la direction de G. Routhier et J.-P. Warren. Montréal, 2003, 273-287.
- Marquis, D. Un quotidien pour l’Église : l’Action catholique, 1910-1940. Montréal, 2004, ad indicem.
AUTRES NOTICES EN LIGNE
- ROUTHIER, Gilles, « ROY, Paul-Eugène », DBC, vol. XV.
PORTRAITS DES ÉVÊQUES ET ARCHEVÊQUES
Photographies des portraits des évêques et archevêques du grand salon de l’Archevêché de Québec sur les originaux conservés au Musée de la civilisation (Collection Archevêché de Québec). Huile sur toile sauf :
- Card. VACHON : photographie originale par Kdel (Québec).
- Card. OUELLET : photographie originale par Studio Guy Raymond (Québec)